Europe : La BCE met un terme à l’expansion de son bilan

Réaction économique
Zone Euro

A l’issue de la dernière réunion de l’année, le Conseil des gouverneurs de la banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’il mettait un terme à la politique quantitative d’achat d’actifs (APP) à la fin décembre.

Cette décision, largement pré-annoncée, aura pour effet d’interrompre l’expansion du bilan de l’autorité monétaire. En dépit de cette nouvelle étape franchie dans la normalisation de sa politique monétaire, la BCE continuera de procéder au réinvestissement des titres arrivant à échéance et ce pendant une période prolongée après le relèvement des taux directeurs. Au travers de la publication de son nouveau jeu de projections macroéconomiques, la BCE maintient sa confiance sur la pérennité du cycle économique, qui serait soutenu par les fondamentaux de la demande domestique. Selon les gouverneurs, la modération de l’activité au cours des derniers trimestres reflète à la fois la faiblesse de la demande externe et des chocs transitoires au niveau domestique. Toutefois, la BCE fait preuve de plus de prudence au regard des incertitudes grandissantes citant, en autres choses, les conséquences de la politique commerciale américaine, l’issue du Brexit, les vulnérabilités des pays émergents et la volatilité sur les marchés financiers.

« A partir de 2019, la taille du bilan de la BCE sera stable suite à la décision de mettre fin au programme d’achat d’actifs. La BCE en coordination avec les banques centrales nationales aura acheté près de 2600Mds€ d’actifs publics et privés depuis mars 2015 »

Thomas Foicik

Répartition du programme d'achat d'actifs (APP) en décembre 2018 (Mds€)

 

Maintien de la confiance dans l’activité mais plus de prudence

« La BCE a annoncé la fin de son programme d’achat d’actifs à la fin d’année »

Thomas Foicik

La dernière réunion de politique monétaire de la BCE cette année aura été l’occasion pour le Conseil des gouverneurs d’apporter des précisions sur sa stratégie de politique monétaire, avec la fin du programme d’achat d’actifs, et de revisiter son appréciation de la situation économique à l’aune des publications économiques plutôt décevantes publiées récemment, avec un nouveau jeu de projections macroéconomiques sur la période 2018-2021.

Au regard de l’activité économique, Mario Draghi s’est montré relativement confiant sur la pérennité du cycle, en accord avec des nouvelles prévisions révisées très légèrement à la baisse pour l’année en cours (1,9%) et l’année prochaine (1,7% en 2019). Dans son discours, M. Draghi a notamment insisté sur la faiblesse de la demande en provenance du reste du monde, soulignant la bonne tenue de la demande domestique des pays de la Zone euro, néanmoins affectés pour certains d’entre eux par des chocs transitoires à l’instar des perturbations dans l’industrie automobile en Allemagne au 3ème trimestre. A cette tonalité plutôt rassurante a été tout de même adossée une prudence renforcée quant à l’accumulation des incertitudes émanant de la politique commerciale américaine, de l’issue du Brexit et de la volatilité des marchés financiers. Dans son appréciation, la BCE estime désormais que la balance des risques penche plutôt du côté des éléments baissiers, par nature, défavorables à l’activité. Du côté de l’inflation, le nouveau profil attendu par la BCE reste dans l’ensemble proche de celui publié en septembre dernier. L’objectif de 2% est une nouvelle fois repoussé au-delà de l’horizon de prévisions. Par ailleurs, le nouveau jeu de projections intègre une révision de l’inflation sous-jacente sur l’ensemble de la période en parallèle d’une croissance de la rémunération par salarié légèrement moins optimiste qu’auparavant. Enfin, à court terme, l’autorité monétaire prévoit une décélération des prix à la consommation sur les prochains mois.

Concernant sa stratégie de politique monétaire, la BCE a décidé, sans surprise, de mettre un terme au programme d’achat d’actifs publics et privés (APP) dès la fin de cette année. Ce programme a conduit l’Eurosystème (BCE + l’ensemble des banques centrales nationales) à acquérir près de 2600Mds€ de titres de dette privée et publique. Désormais la taille totale du bilan de la BCE devrait se stabiliser autour de 4700Mds€, soit environ 42% du PIB de la Zone euro. Dans la pratique, la BCE continuera de procéder au réinvestissement des remboursements au titre du principal des titres acquis dans le cadre de l’APP arrivant à échéance acquis, et ce pendant une période prolongée après le relèvement des taux directeurs, qui n’est pas anticipé pour le moment avant l’été 2019. La normalisation se veut donc la plus graduelle possible afin d’écarter tout risque d’un resserrement non désiré des conditions monétaires et financières des entreprises, des ménages et des Etats. La décrue de la taille de son bilan ne pourra se faire qu’après la fin de la politique de réinvestissement, selon toute vraisemblance à partir de l’année 2020. Parmi les autres éléments à retenir de cette conférence de presse, Mario Draghi a clairement indiqué que le stimulus monétaire à travers les achats d’actifs fait désormais partie intégrante des outils à disposition de la banque centrale pour parer à une éventuelle dégradation des conditions économiques, qui mettrait à défaut l’atteinte de son unique mandat : la stabilité des prix. Enfin, les mesures de fourniture en liquidité à destination des banques (TLTRO) ont fait l’objet d’une discussion de la part de plusieurs gouverneurs. Il semble néanmoins qu’il n’y ait pas d’urgence à renouveler ces opérations à court terme, les principales échéances de remboursement des opérations passées intervenant plutôt à partir de la deuxième partie d’année 2019.

BCE : évolution des achats mensuels d'actifs (Mds€)

 

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Thomas Foicik