Environnement économique de septembre 2019

Environnement économique
Monde

Retrouvez notre analyse mensuelle de l'environnement économique des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie

EN BREF

Malgré l’apaisement temporaire des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine avant une rencontre programmée vers le début octobre, les effets négatifs des mesures mises en place (au 1er septembre) et celles à venir (15 octobre et 15 décembre) continuent de peser sur la demande globale. Dans ce contexte extérieur dégradé, où le risque de propagation à la demande intérieure s’accroit, les assouplissements monétaires des grandes banques centrales se poursuivent, facilitant de nouvelles baisses de taux dans les marchés émergents. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de -1,33% contre dollar et termine le mois à 1,1036 dollar pour un euro. Le prix du baril de Brent augmente de +0,58% à 60,78 dollars.

AmériqueAux Etats-Unis, les indicateurs d’activité restent contrastés, avec d’un côté une consommation solide (ventes au détail revenu disponible) et de l’autre une dynamique du secteur manufacturier plus ambivalente. La production industrielle rebondit et les indicateurs PMI progressent légèrement, alors que les indicateurs manufacturiers régionaux restent faibles. Les signaux sont positifs dans le secteur résidentiel en août (permis de construire, mises en chantier, ventes de logements neufs et anciens). Concernant l’emploi, malgré le ralentissement des créations de postes, les tensions sur le marché du travail perdurent, avec la progression des salaires à 3,2% en GA et la stabilité du chômage à 3,7%. Les dépenses des ménages devraient rester un élément moteur de la croissance au 3ème trimestre. L’inflation tend à se renforcer depuis quelques mois, en dépit d’un léger reflux en août (1,7% GA) relatif à la baisse des prix de l’énergie (-1,9% en GA). Concernant la politique monétaire, après juillet, la Fed a procédé à une seconde baisse du taux directeur à 1,75%-2%. Le biais accommodant est maintenu, malgré de fortes divisions au sein du comité. Par ailleurs, suite aux tensions sur les marchés monétaires, la Fed a du procéder à des injections temporaires de liquidités.

EuropeEn Zone euro, les divergences persistent entre la production manufacturière dégradée (Allemagne, Italie et Espagne) par le commerce international et les services soutenus par la demande intérieure. Même si le marché du travail reste bien orienté pour le moment, les premiers signes de transmission du secteur manufacturier à celui des services se manifestent en Allemagne. Dans ce contexte, la BCE a diminué le taux de facilité de dépôts de 10 points à -0,5%, repris le programme d’achat d’actifs (20 Mds d’euros mensuel), assoupli le TLTRO III et mis en place un système de rémunération des réserves des banques à deux paliers. Par ailleurs, les prévisions d’inflation de la BCE ont été revues à la baisse à 1,2% en 2019 et 1,0% en 2020, loin de l’objectif de 2,0%. Dans ces conditions, la politique monétaire devrait rester accommodante. En Espagne, Pedro Sanchez, chef du gouvernement, n’est finalement pas parvenu à former une coalition. En conséquence, le parlement espagnol sera dissout et de nouvelles élections législatives se tiendront le 10 novembre.

Au Royaume-Uni, malgré le rebond de juillet, les perspectives d’activité ne sont pas orientées favorablement. Dans un contexte d’incertitude élevée, la BoE a maintenu son statu quo. Au niveau politique, les députés ont donné au Premier Ministre jusqu’au 19 octobre pour soit (1) obtenir un nouvel accord de retrait de l’UE, soit (2) demander l’autorisation du parlement pour sortir sans accord. En l’absence d’une de ces deux options, le gouvernement devra demander une extension jusqu’au 31 janvier 2020.

AsieAu Japon, le recul substantiel des importations associé à l’essoufflement du PMI services témoigne d’une moindre résistance de la demande intérieure au ralentissement du commerce mondial. La BoJ a temporisé le 19 septembre en laissant sa politique monétaire inchangée. Mais, dans un contexte de sombres perspectives d’activité et d’inflation, et dans l’attente de la hausse de la TVA au 1er octobre, elle pourrait agir le mois prochain (30/31 octobre). Par ailleurs, la fin du mois a témoigné d’un accord commercial préliminaire entre le Japon et les Etats-Unis, entrant potentiellement en vigueur au 1er janvier 2020.

En Chine, le ralentissement de l’activité s’intensifie, comme le révèle la baisse marquée de la production industrielle, les faiblesses des PMI manufacturiers, la contraction du commerce et l’essoufflement des ventes au détail. La PBoC a été plus accommodante avec la baisse du nouveau taux directeur et la réduction du ratio des réserves obligatoires. Après de nouvelles mesures de libéralisation financière (retrait des limites d’investissements étrangers), d’autres mesures contra-cycliques sont attendues. Elles sont toutefois associées à des pressions baissières sur le yuan du fait des tensions commerciales et de la difficulté à piloter l’ajustement conjoncturel.

Dans les autres pays émergents, suite aux assouplissements monétaires (Fed, BCE), les réductions de taux se sont poursuivies en Arabie Saoudite, Brésil, Chili, Egypte, Indonésie, Mexique, Philippines et Turquie.

Rédigé par

Arnaud Latinier 
Chargé d'études économiques
le 2 octobre 2019